C'était assez difficile à croire que tu ais déjà pu faire tout ce chemin avec un mal de tête aussi intense. C'était certain à présent : à chaque pas, ce mal devenait encore plus intense. Tu décidas de t'arrêter un instant pour reprendre ton souffle, regarder où tu étais à présent et pour, enfin, espérer que cette douleur s'efface. En observant bien, le décor semblait être celui d'un marché mais personne ne semblait tenir les étalages. De plus, tu remarquas que tu n'avais pas non plus de monnaie. Tu avanças doucement jusqu'à un endroit calme, où tu pouvais te reposer au maximum. Alors que tu t'adossais à un mur en soupirant, lorsque tu fermas les yeux, tu semblas voir autre chose. Il te sembla que tu imaginais quelque chose que tu ne voyais pas, allant jusqu'à te voir toi-même. Lorsque tu rouvris les yeux, presque inquiétée, tu remarquas que le point de vue que tu avais ressemblait étrangement à un point de vue du sol, derrière une personne qui venait de passer. Tu ne savais pas comment tu avais fait ça, tu tentas de réfléchir... Tu fermas les yeux, encore une fois... Puis, un souvenir sembla surgir, comme celui quelques minutes... Peut-être quelques heures avant.

Tu étais allongée au sol, tu venais d'ouvrir les yeux, une orbe flottait au dessus de toi. C'était agaçant... Pour une raison inconnue, certes, mais c'était agaçant. Tu t'assis, d'abord, puis tu saisis l'étrange objet. Tu étais fatiguée, peu réveillée, mais ton action était bien réelle : tu la brisa. Oui, tu brisas cette chose étrange qui t'agaçait, juste parce qu'elle t'agaçait. C'était égoïste, puisque tu n'avais pas pris le temps de chercher ce que c'était. Tu soupiras avant de fermer les yeux et de te dire que tu voulais encore dormir; juste un instant...

Tu rouvris les yeux, les bras croisés, les sourcils froncés. C'était bel et bien un souvenir... Pourquoi ne pas t'en être souvenu plus tôt ? Quelque chose avait déclenché ça... Est-ce que... Tu réfléchis un instant... Cette situation te sembla plus que plausible : tu avais brisé l'orbe, tu avais obtenu ton pouvoir. C'était forcément ça ! Pourquoi ? Parce que ton esprit sembla te le crier, pour te forcer à croire que c'était effectivement ça. Tu soupiras avant de te redresser, laissant tomber ton point d'appui, ta tête allait beaucoup mieux. Peut-être aurais-tu dû regarder s'il n'y avait personne avant de faire ça...? Tu manquas de trébucher, ta tête tournait alors que tu pensais aller nettement mieux, tu tombas sur quelqu'un... Enfin, tu tentas de te rattraper sur quelque chose alors que tu allais tomber, plus précisément.

Je me trouvais dans ce monde depuis quelques minutes. Je crois. Enfin, bref. Je devais remplir ma mission : découvrir ce monde dans son intégralité en tant que Super-Robyn, le super-héros que tout le monde adule et qui va les sauver ! Ouais, je sais, ça tue comme présentation.

J'avais l'impression d'être suivi.

Je venais juste d'arriver dans une sorte de marché. Et là, surprise, quelque chose se dressa devant moi.

Un étalage gigantesque. Un truc indescriptible tellement j'avais l'impression de me trouver au paradis.

Un panier rempli de tomates.

Des tomates cerises, des grosses tomates. Beaucoup, beaucoup de tomates. La tension semblait monter en moi, je n'arrivais bientôt plus à me retenir. Il le fallait. Maintenant.

Et dans un élan incroyable, je courus et sauta en plein dans cette chose qui contenaient ces fruits rouges, parfaits, qui étaient merveilleux avec du fromage italien dont je ne me rappelle plus le nom. Ce monde ... Est-ce le paradis ?

J'ouvris les yeux, baignant dans les tomates. Aah, cet endroit est mon nouveau paradis. Et là, choc, questionnement, tout ce que tu veux. Une petite boule jaune flottait au-dessus de ma tête. J'étais couché, donc je pouvais la voir. Serait-ce ...

Un envoyé du paradis, chargé de me donner une auréole et des ailes ? Ou une fée qui protège ce sanctuaire de la tomate ? Je ne saurais le dire.

J'approcha doucement ma main de cette petite boule, qui lévitait tranquillement au-dessus de moi. Peut-être était-ce aussi une tomate ? Oh mon dieu, ce monde est parfait.

Et là, je la toucha. Elle était douce et lumineuse. Elle brilla, subitement, et se transforma en une énorme fourchette. Ouais, j'ai une fourchette maintenant, c'est génial ! Je pris plusieurs tomates d'un coup et les avala en une bouchée.

D-E-L-I-C-I-E-U-X. J'adore, franchement.

Je fis pareil deux ou trois fois, avant de prendre beaucoup de tomates cerises d'un coup et de me lever. J'avais envie de marcher. Ne t'inquiète pas, paradis des tomates, je vais revenir.

Je me leva, marcha quelques instants, tournant dans un coin du marché. Et là, choc, drame, incident majeur de ta vie. Une fille complètement mouillée alors qu'il avait pas du tout plu trébucha et s'agrippa à moi dans sa chute. Argh, ça fait super mal ! Heureusement, ma fourchette et les saintes tomates étaient toujours sauves, j'étais si heureux !

Je me releva et pris une des saintes tomates pour la manger. J'adore son goût exquis, tel qu'il te ferait fondre en larmes.

« Euh ... Tu vas bien ? »

Ta tentative de te rattraper tomba à l'eau... Néanmoins, ça l'avait un peu amortie. Tu te relevas en titubant un peu, tentant de nettoyer ta robe, remarquant un détail. Tu hésitas un instant en clignant des yeux, tentant de comprendre pourquoi tu étais trempée mais, visiblement, tu ne voyais pas la raison.

Tu abandonnas donc avec un soupir puis tu relevas les yeux. La personne venait de te parler, juste pour te demander si tu allais bien. Tu détournas les yeux un instant, réfléchissant... Tu voulais vraiment savoir pourquoi, non ? Alors il allait falloir lui demander. Tu commenças donc à le fixer en silence, laissant ton cerveau faire le travail à ta place. Il semblait banal, tout à fait banal comme garçon... Rien de spécial... A part... Une fourchette et des tomates. Ce n'était pas spécial, mais plutôt étrange, pour continuer sur ta lancée. Tu soupiras une fois de plus avant de lui demander, d'un air neutre, visage impassible :

« A croire qu'il n'y ai que ce type de personne ici... Qu'est-ce que tu veux ? Et pourquoi cette question ? »

Tu aurais voulu continuer mais, pour l'heure, la patience et la prudence étaient de rigueur. En effet, si tu allais commencer à le harceler, lui crier dessus ou pire, l'ignorer, tu n'allais pas plus en savoir sur ta situation... Et puis, il faut l'admettre, il t'a tout de même aidé, bien qu'il soit étrange. Mais ton air froid et désintéressé reprenait toujours le dessus, sinon, tu aurais pu être beaucoup plus amicale ou même... Peut-être... Juste plus gentille...?

Des questions trottaient tout de même dans ta tête, sans savoir pourquoi tu te les posaient. Tu allais attendre encore pour tenter de les poser, sinon cette scène finirait en interrogatoire, inconsciemment. Tu soupiras pour la troisième ou la quatrième fois de la journée... Peut-être plus, si tu savais ce qui s'était passé avant que tu ne te réveilles. Tu regardais toujours le garçon, tu le fixais, plus précisément, comme si tu tentais de lire, désespérément, à travers son esprit ; qui sait, peut-être que ton pouvoir ne s'arrêtait pas à ce que tu avais vu quelques minutes avant ?

La fille incroyablement mouillée me dévisagea avant de lancer :

« A croire qu'il n'y ai que ce type de personne ici... Qu'est-ce que tu veux ? Et pourquoi cette question ? »

Oh là là, encore quelqu'un qui a peur de tout le monde et tout, franchement ! J'avalais une autre tomate en un seul coup. Hum, c'est tellement bon !

« Calme-toi, je te demandais seulement si tu allais bien ! Tiens, tu veux une tomate ? Je suis généreux et je t'en donne une parce que t'as l'air gentille au fond, mais faudrait vraiment arrêter de juger les gens comme ça ... C'est un peu méchant ! »

Haha, ce ton triste, ce visage impassible, c'est drôle de se faire passer pour quelqu'un de sérieux ! Je n'arrivais pas à m'empêcher de rire ! Je lui tendis une tomate cerise fraîchement prise de ma fourchette, tout en mangeant une autre de ces fabuleuses tomates.

Et il continuait de manger... A croire que tout lui semblait normal, à lui. Tu n'étais pas du tout de cet avis... Le lieu était trop étrange pour toi. Encore une fois, tu tentas de te souvenir, jusqu'à ce qu'une douleur familière vint te stopper net dans ta lancée. Tu perdis un peu l'équilibre, tes yeux semblèrent avoir perdu leur repère... Un vertige... A croire que quelque chose ne voulait pas que tu te souvienne. Tu repris rapidement tes esprits, un bourdonnement dans les oreilles. Tu fixais toujours le garçon, la douleur avait réussi à te faire prendre, pendant quelques secondes seulement, un air souffrant, tu avais froncé les sourcils, tu t'étais mordu la lèvre inférieur pour espérer que cette torture passe.

Soudain, tu regardas l'aliment que le garçon te tendait. Tu soupiras, tu voulus faire un geste de déclin, mais ton corps refusa, alors tu te contentas de lui dire :

« Je ne veux pas de ton aide ! Et je m'en contre fiche de ta générosité tu vois, j'ai mieux à faire que de me soucier d'un estomac sur patte qui veut juste être "gentil" avec une parfaite inconnue ! »

Tu soupiras longuement, fis un pas en arrière. Ton vertige reprit, à croire que t'énerver n'arrangeait pas les choses... Eh bien, la liste n'était plus très longue maintenant ; entre l'incapacité à crier, se souvenir ou même à bouger longtemps... Il te restait quoi ? Parler ? Manger... Les choses essentielles peut-être ? Alors même que tu venais de parler, de décliner l'offre du garçon, ton ventre sembla, lui aussi, vouloir donner son avis, en grognant pour demander sa nourriture. A cet instant, tu baissas les yeux, détournas un maximum ton regard, tout en rougissant. C'était gênant effectivement... Très gênant... Encore plus après avoir fait la fille sérieuse un peu plus tôt... Et pour quelle raison ? Aucune... C'était très étrange aussi ; tu semblais réagir comme si tu avais toujours agis comme ça alors que tu n'arrivais plus à te souvenir...

La fille ne bougea pas. Elle me parla tout de même :

« Je ne veux pas de ton aide ! Et je m'en contre fiche de ta générosité tu vois, j'ai mieux à faire que de me soucier d'un estomac sur patte qui veut juste être "gentil" avec une parfaite inconnue ! »

Bon sang, son ventre grogne comme la mort et elle veut pas manger de ces fabuleuses tomates qui proviennent du paradis ? Il ne me reste plus qu'une chose à faire. Je n'ai pas le choix.

« Robyn Attaque ! »

Je mis ma cape, toujours dans ma poche. Cette magnifique cape bleue que j'avais crée secrètement dans ma chambre. Je pris ma pose emblématique de Super-Robyn et bondis, une tomate dans la main.

Paf ! Je lui mit la tomate dans la bouche.

« C'pas bien de pas manger quand on a faim ! »

La suite des évènements t'empêcha de réagir, d'une part le garçon sembla donner un ordre à... Une personne invisible...? Et de l'autre, ton corps refusait de bouger. Et dire que tout était déjà trop étrange... Un déclic, néanmoins, se fit lorsque tu l'entendis parler, après t'avoir mis une tomate dans la bouche... C'était donc bien son nom "Robyn". Tu mâchas la nourriture avant de l'avaler et de continuer la petite discussion peu amicale d'il y a quelques minutes ; tu semblais moins sûre de toi, et plus que perdue, tu parlas donc d'une voix faible et hésitante :

« Heu... Merci... E... Excuse-moi... Robyn... Je... Je m'appelle Tayla... Je suppose... Et... Hum... Tu es ici depuis... Longtemps ...? »

Tu t'étais calmée aussi, de ton côté. Tu ne savais plus très bien les raisons, ni même pourquoi, mais tu l'avais fait... C'était décidé, le mot du jour était "Etrange", autant pour ce qu'il t'était arrivé que pour l'environnement, le garçon devant toi ou... toi-même... Pour l'instant, l'idée de tenter de te souvenir ne te venait plus à l'esprit ; après tout, que tu te souvienne ou non, qu'est ce que ça changeait ? Tu étais quand même dans un endroit inconnu, ça tu en étais certaine. Mais ça t'intriguait tout de même de ne pas pouvoir comprendre... Après tout, le temps soigne presque tout. A cette pensée, tu souris... Pas un sourire forcé ou moqueur, c'était bel et bien un sourire doux, qui illuminait ton propre visage... Quelque chose dont tu ne t'en serais jamais cru capable... Cette situation te changeait, tu le savais sans vraiment te connaître... Tu relevas les yeux, d'un air un peu timide ou angoissée, vers Robyn.

La fille répondit d'une voix faible et hésitante, comme un agneau que je devais sauver à cause de sa petite bouille. Enfin, la petite bouille en moins. Un agneau, c'est beau ! Enfin, elle est belle aussi, mais je préfère les agneaux !

« Heu... Merci... E... Excuse-moi... Robyn... Je... Je m'appelle Tayla... Je suppose... Et... Hum... Tu es ici depuis... Longtemps ...? »
« Salut à toi, Tayla ! Non, écoutes, je suis arrivé il y a peu aussi. Enfin, là, il y a un instant, je me trouvais au paradis, tu veux aller voir ? »

Comme je suis très gentil, je veux bien lui partager ce petit paradis ! Elle a l'air sympathique, même si elle a l'air chiante au premier abord, mais là elle sourit vers moi, et c'est mignon ! Révèle-moi ton véritable visage, Tayla !

... Je fais psychopathe, là. Mais bon, j'ai envie d'apprendre à la connaître, quoi !

Tu fus vite ramenée à la réalité, le garçon te proposas de venir avec lui au... Paradis...? Tu fus surprise un instant, puis tu te mis à rire... Avec les larmes aux yeux... En fin de compte il était assez drôle, Robyn.
Tu repris ton souffle un instant, tu réfléchis... Il était arrivé là il y a peu, un peu comme toi... Après cette petite réflexion, tu lui répondis :

« Si ça peut te faire plaisir, pourquoi pas... D'ailleurs, est-ce que tu as vu une sorte de... Sphère... En arrivant ici ? c'est tout ce dont je me souviens, et je t'avoue que ça m'intrigue... »

Tu allais enfin avoir des réponses à chacune de tes questions et pourvoir répondre à tes attentes, pour tenter de comprendre. Tu commençais déjà à changer, puisque tu avais parlé, souris et même ris face à une personne... Quelque chose que tu sentais qui n'était pas arrivé depuis longtemps... A croire que tout était planifié depuis toujours... Tu soupiras... Tu devais prendre une décision rapide et efficace, tout en étant sûre de toi... Soit tu restais accrochée à ce que tu avais perdue, soit tu... Changeais de bord pour tenter de vivre malgré tout, tout en chassant ton passé, pour tout recommencer... Tu étais encore hésitante pour l'instant, impossible pour toi de choisir entre ces deux choix... Tu ne voulais pas te perdre ni ici, ni dans ton esprit...

Elle rigolait. Je sais, je sais, mon pouvoir spécial en tant que super-héros est de rendre heureux toutes les personnes autour de moi ! Je sais, je sais, je suis trop fort ! Enfin, je crois. Je sais que j'ai cette superbe fourchette qui m'est franchement très utile pour pouvoir manger pleins de tomates. Elle me demandait alors si j'avais vu, moi aussi, cette petit boule qui flotte.

« Ah, ça ! Oui, bien sûr ! C'est ça, regarde ! »

Par pur instinct, je jetais la fourchette en l'air. Celle-ci s'arrêta en plein air, brilla, puis se retransforma en cette petite boule qui flotte autour de moi. Je la retoucha et elle se retransforma aussitôt. Les tomates étaient encore là, heureusement. Je les mangeait toutes d'un coup.

« Allez, viens, suis-moi ! »

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